Tuesday, July 16, 2013

Le Dégât Des Journalistes Qui N’Font Pas Leur Boulot

Voila ce qui ce passe quand des "journalistes" ne font pas leur boulot et ne respectent pas l'éthique de base du métier. C'est-à-dire que chaque rumeur doit être vérifiée. Au lieu de voler des « faits » aux autres journalistes, la source doit être citée. Ces journalistes n’ont pas respecté ce principe dans ce cas. Les jeunes dans ces quartiers défavorisés ont assez des problèmes déjà, mais cette fausse information fait encore plus de dégât.
Ce qui est encore plus choquant est qu’aucun de ces charlatans ne va être licencié pour cela. Un support media sérieux les virerait sur le coup. Qu’est ce que TF1, FranceTVInfo, et Europe1.fr vont faire ?

 Voila le lien pour trouver l'article dans Le Nouvel Observateur: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/907153-bretigny-sur-orge-comment-les-rumeurs-de-pillages-se-sont-propagees-sur-la-toile.html

 Pillages à Brétigny ? D'Europe 1 à la fachosphère, comment la fausse rumeur s'est propagée
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LE PLUS. Les victimes de l'accident de train de Brétigny-sur-Orge ont-elles été dépouillées ? Depuis hier, les réseaux sociaux ne parlent que de ça : des jeunes auraient profité du drame pour agresser et voler des personnes sur place. Comment ces rumeurs ont-elles pris autant d'ampleur ? Décryptage de Mathieu Géniole.

Édité par Rozenn Le Carboulec  Auteur parrainé par Aude Baron
Les secours et les personnels de sécurité se rendent en gare de Brétigny-sur-Orge suite à l'accident de 12/07/13 (M.EULER/SIPA)
Les secours et les personnels de sécurité se rendent en gare de Brétigny-sur-Orge suite à l'accident de 12/07/13 (M.EULER/SIPA)

C'était donc faux : ce matin, la préfecture de l'Essonne a démenti à Metronews des rumeurs qui circulaient depuis hier sur les réseaux sociaux. Non, les forces de l'ordre n'ont pas été caillassées après le déraillement du train. Non, les victimes (et notamment les cadavres) n'ont pas été pillées. Il n'y a eu, selon la préfecture, qu'un acte de vol isolé et une ambiance "rude".

Cette version a depuis été confirmée par les sauveteurs dépêchés sur place. Mais alors comment se sont propagées ces rumeurs plus sordides les unes que les autres ?

Quand deux informations "exagérées" se croisent

Il y a deux informations démenties ce matin par la préfecture. Hier, peu après le déraillement du train, "Le Parisien" rapportait un vol de portable sur des membres du SAMU et un caillassage des pompiers. L'information apparaît dans le live consacré à l'accident aux alentours de 19h30, y restera, mais ne fera pas l'objet de développements complémentaires.

C'est cette information qui est considérée comme "exagérée" par la préfecture : elle a été massivement reprise hier soir par d'autres sites d'informations, comme TF1 et FranceTVInfo (ce dernier article a été modifié).

Ce qui va vraiment mettre le feu aux poudres est en fait un article d'Europe1.fr : ce papier reprend le témoignage d'une membre d'Alliance, un syndicat policier classé à droite, qui intervenait dans le cadre de l'édition spéciale de la radio sur le déraillement de Brétigny. La syndicaliste décrit les scènes de pillage et y va de son commentaire personnel :




Ce témoignage va être repris in extenso par le site d'Europe 1 qui va transformer un témoignage qu'on peut qualifier d'engagé en information : le site titre "Des policiers caillassés" et passe l'article sur sa home, en dessous de l'accident en lui-même .

Non seulement ce papier ne remet pas en cause la parole de la syndicaliste (en interrogeant par exemple un autre syndicat), mais en plus le témoignage est agrémenté d'un tweet d'un militant FN pour une raison totalement incompréhensible (ce tweet a depuis été supprimé de l'article) :





L'article d'Europe 1 est rapidement repris par des comptes de journalistes de la radio qui ajoutent un commentaire personnel : "à vomir!!" dénonce ainsi une journaliste de la station, permettant une propagation rapide de ce témoignage.

Aucun autre site d'information ne mentionnera de pillage hier soir.

De l'influence de la fachosphère

L'article d'Europe 1 est repris très rapidement par le blog d'extrême-droite Fdesouche : à 22 heures, de nombreux utilisateurs de Twitter proches de la fachosphère et de la Manif pour tous relaient le témoignage d'Alliance.

Scène surréaliste à minuit : le hashtag "Bretigny" ne parle plus du tout de la catastrophe ferroviaire mais uniquement de l'affaire des pillages. Un mélange de tweets improbable fait se cotoyer des militants d'extrême-droite dénonçant l'immigration et des jeunes de issus de toutes les couches de la société qui cherchent les mots pour dénoncer cette rumeur épouvantable.

Pas un tweet – pas un – ne prend l'affaire des pillages à la rigolade ou n'en fait un évènement à célébrer : Brétigny fait alors l'objet de 50 récurrences par minute.

Il faut également souligner que de nombreux tweets s'insurgent contre le peu de visibilité que les médias consacrent à cette affaire : beaucoup d'utilisateurs du réseau se demandent pourquoi BFM et iTélé, en direct depuis des heures, n'abordent même pas cette histoire.

On peut saluer aujourd'hui le travail de ces deux chaînes qui ne sont pas tombées dans le piège de la rumeur en fin de soirée : il faut d'ailleurs se souvenir que les multiples témoignages entendus après le drame, souvent diffusés en direct et en longueur, ne faisaient jamais état d'incidents ou de violences sur les victimes après la catastrophe.

Se souvenir de la méfiance

Ce matin donc, l'affaire se dégonfle totalement : la préfecture relativise énormément ces incidents et le ministre des Transports a dit ne pas avoir entendu parler de pillages sur les victimes. Pourtant, une recherche Twitter sur le terme montre que l'information initiale continue de circuler à vitesse grand V alors que Facebook découvre à son tour cette histoire : l'article d'Europe 1 a été liké 62.000 fois ce qui représente l'audience d'un journal à la télévision.

Depuis hier, Europe 1 a passé son titre "Des policiers caillassés" à l'interrogatif avant de renvoyer cette après-midi vers un autre papier qui s'appelle sobrement : "Des vols sur le lieu de l'accident".

Je n'écris pas cet article pour donner des leçons et je précise qu'on parle ici de médias que j'apprécie et que je consomme quotidiennement.

Simplement, je trouve que cette histoire méritait d'être rapportée : s'il on estime que la version donnée par la Préfecture correspond effectivement à la réalité, on peut réfléchir à la façon dont un déraillement de train a permis d'alimenter l'extrême-droite en aussi peu de temps et de façon aussi massive par des médias traditionnels.


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