Voila ce qui ce passe quand des "journalistes" ne font pas leur boulot et ne respectent pas l'éthique de base du métier. C'est-à-dire que chaque
rumeur doit être vérifiée. Au lieu de voler des « faits » aux autres
journalistes, la source doit être
citée. Ces journalistes n’ont pas respecté ce principe dans ce cas. Les
jeunes dans ces quartiers défavorisés ont assez des problèmes déjà, mais
cette fausse information fait encore plus de dégât.
Ce qui est
encore plus choquant est qu’aucun de ces charlatans ne va être licencié
pour cela. Un support media sérieux les virerait sur le coup. Qu’est ce
que TF1, FranceTVInfo, et Europe1.fr vont faire ?
Voila le lien pour trouver l'article dans Le Nouvel Observateur: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/907153-bretigny-sur-orge-comment-les-rumeurs-de-pillages-se-sont-propagees-sur-la-toile.html
Pillages à Brétigny ? D'Europe 1 à la fachosphère, comment la fausse rumeur s'est propagée
LE PLUS. Les victimes de l'accident de train de Brétigny-sur-Orge ont-elles été dépouillées
? Depuis hier, les réseaux sociaux ne parlent que de ça : des jeunes
auraient profité du drame pour agresser et voler des personnes sur
place. Comment ces rumeurs ont-elles pris autant d'ampleur ? Décryptage
de Mathieu Géniole.
Les secours et les personnels de sécurité se rendent en gare de Brétigny-sur-Orge suite à l'accident de 12/07/13 (M.EULER/SIPA)
C'était donc faux : ce matin, la préfecture de l'Essonne a démenti à Metronewsdes rumeurs qui circulaient depuis hier sur les réseaux sociaux.
Non, les forces de l'ordre n'ont pas été caillassées après le
déraillement du train. Non, les victimes (et notamment les cadavres)
n'ont pas été pillées. Il n'y a eu, selon la préfecture, qu'un acte de
vol isolé et une ambiance "rude".
Cette version a depuis été confirmée par les sauveteurs dépêchés sur place. Mais alors comment se sont propagées ces rumeurs plus sordides les unes que les autres ?
Quand deux informations "exagérées" se croisent
Il y a deux informations démenties ce matin par la préfecture. Hier,
peu après le déraillement du train, "Le Parisien" rapportait un vol de
portable sur des membres du SAMU et un caillassage des pompiers. L'information apparaît dans le live consacré à l'accident aux alentours de 19h30, y restera, mais ne fera pas l'objet de développements complémentaires.
C'est cette information qui est considérée comme "exagérée" par la
préfecture : elle a été massivement reprise hier soir par d'autres sites
d'informations, comme TF1 et FranceTVInfo (ce dernier article a été modifié).
Ce qui va vraiment mettre le feu aux poudres est en fait un article
d'Europe1.fr : ce papier reprend le témoignage d'une membre d'Alliance,
un syndicat policier classé à droite, qui intervenait dans le cadre de
l'édition spéciale de la radio sur le déraillement de Brétigny. La
syndicaliste décrit les scènes de pillage et y va de son commentaire
personnel :
Ce témoignage va être repris in extenso par le site d'Europe 1 qui va
transformer un témoignage qu'on peut qualifier d'engagé en information :
le site titre "Des policiers caillassés" et passe l'article sur sa
home, en dessous de l'accident en lui-même .
Non seulement ce papier ne remet pas en cause la parole de la
syndicaliste (en interrogeant par exemple un autre syndicat), mais en
plus le témoignage est agrémenté d'un tweet d'un militant FN pour une
raison totalement incompréhensible (ce tweet a depuis été supprimé de
l'article) :
L'article d'Europe 1 est rapidement repris par des comptes de
journalistes de la radio qui ajoutent un commentaire personnel : "à
vomir!!" dénonce ainsi une journaliste de la station, permettant une
propagation rapide de ce témoignage.
Aucun autre site d'information ne mentionnera de pillage hier soir.
De l'influence de la fachosphère
L'article d'Europe 1 est repris très rapidement par le blog
d'extrême-droite Fdesouche : à 22 heures, de nombreux utilisateurs de
Twitter proches de la fachosphère et de la Manif pour tous relaient le
témoignage d'Alliance.
Scène surréaliste à minuit : le hashtag "Bretigny" ne parle plus du
tout de la catastrophe ferroviaire mais uniquement de l'affaire des
pillages. Un mélange de tweets improbable fait se cotoyer des militants
d'extrême-droite dénonçant l'immigration et des jeunes de issus de
toutes les couches de la société qui cherchent les mots pour dénoncer
cette rumeur épouvantable.
Pas un tweet – pas un – ne prend l'affaire des pillages à la rigolade
ou n'en fait un évènement à célébrer : Brétigny fait alors l'objet de
50 récurrences par minute.
Il faut également souligner que de nombreux tweets s'insurgent contre
le peu de visibilité que les médias consacrent à cette affaire :
beaucoup d'utilisateurs du réseau se demandent pourquoi BFM et iTélé, en
direct depuis des heures, n'abordent même pas cette histoire.
On peut saluer aujourd'hui le travail de ces deux chaînes qui ne sont
pas tombées dans le piège de la rumeur en fin de soirée : il faut
d'ailleurs se souvenir que les multiples témoignages entendus après le
drame, souvent diffusés en direct et en longueur, ne faisaient jamais
état d'incidents ou de violences sur les victimes après la catastrophe.
Je n'écris pas cet article pour donner des leçons et je précise qu'on
parle ici de médias que j'apprécie et que je consomme quotidiennement.
Simplement, je trouve que cette histoire méritait d'être rapportée :
s'il on estime que la version donnée par la Préfecture correspond
effectivement à la réalité, on peut réfléchir à la façon dont un
déraillement de train a permis d'alimenter l'extrême-droite en aussi peu
de temps et de façon aussi massive par des médias traditionnels.
Bruce is a writer based in France and in the United States. His adventures include starting and promptly dropping out of La Sorbonne Law School in Paris and chatting with arms salesmen in Tunisia. If you want to read his published articles, Bruce's Website address is www.brucegain.com.